On a testé Flixbus…
« Un aller simple pour Essen depuis Colmar s’il vous plaît! »
Le rêve de tout un chacun. Heureusement pour réserver un tel billet avec FLIXBUS, ça se passe sur internet. De fait je n’ai pas eu à prononcer la phrase ci-dessus face à un être humain.
Car en effet, oui, j’ai testé Flixbus lors d’un déplacement professionnel à Essen. Vous l’avez compris, on ne va pas à Essen pour son climat ni pour sa gastronomie.
Néanmoins le centre piétonnier d’Essen est très agréable et la ville semble faire preuve d’un dynamisme certain. D’un passé lié à la sidérurgie et au charbon, Essen abrite aujourd’hui le siège social de 13 des 100 plus grands groupes allemands et s’est depuis la fin de la seconde guerre mondiale, orientée vers le secteur tertiaire.
Mais revenons en au fondement de cet article. J’ai testé Flixbus. Départ de la gare de Colmar à 20h00, correspondance à Karlsruhe entre 22h35 et 00h55, pour arriver à Essen à 6h55. J’avais cru voir qu’en voiture on mettait 4h48…En bus c’est un peu moins de 11h, mais avec en sus le plaisir de découvrir la gare de Karlsruhe by night, que demander de mieux?
Là où ils sont forts chez Flixbus, c’est que vraiment, c’est pas cher. Par exemple, pour 99 euros tu choisis 5 voyages partout en Europe, et en se débrouillant bien, tu peux te faire un joli tour des capitales européennes et même revenir chez toi à la fin. Avouons que c’est fort.
Oui…Mais…Voilà…
J’avais à un moment l’an dernier imaginé me faire un petit road trip en bus et visiter quelques coins que je ne connais pas, faire un petit tour d’Europe de l’Ouest pour pas cher. Faute de temps j’ai reporté l’idée. Aujourd’hui je l’abandonne.
Reprenons. Départ à Colmar à 20h00. Impératif d’être sur le lieu de départ du bus au moins 15 minutes avant l’horaire. Normal. Bon, ce qui n’est pas spécifié, c’est que le bus ne part pas de Colmar, et là sur l’appli, si on voit bien son trajet, le petit « à l’heure » qui nous rassure et les arrêts à venir, on ne sait pas d’où est parti le bus.
Bref, à 19h45 j’attendais devant la gare avec 6 ou 7 autres personnes, rien de bien méchant. D’autant plus qu’en termes de ponctualité, Flixbus à fait fort. 19h55 le bus est arrivé, à 57 on était partis. Le temps de se faire autoriser l’accès à bord par le chauffeur et son smartphone, de me rendre compte que le bus venait de « j’sais pas où » et qu’il était bondé.
Le temps de me refaire la scène de Forrest Gump et des passagers qui te font comprendre ou t’expliquent que les rares places libres à côté d’eux ne le sont en fait pas (ce sont celles de leur sac ou de leur veste, voire de leurs pieds, merci madame!!), je finis par m’installer à côte de mon compagnon de banquette arrière, et à peine assis on décollait. Premier bon point, on est à l’heure. Cool. J’ai bien fait de pas arriver à 58 par contre…D’ailleurs je ne sais pas si l’un ou l’autre potentiel collègue de bus l’a raté en étant à l’heure…Bref
Colmar Karlsruhe : On part de la gare, et là, à peine à la sortie de la ville, je me rappelle qu’à l’école il y avait toujours des enfants malheureux dans le bus. On les mettait devant pour pas qu’ils salissent. Je me suis ainsi rappelé combien ça bouge à l’arrière d’un bus. Même sur autoroute. Faut dire que le chauffeur, il envoyait du pâté. Pas besoin d’entonner le célèbre « chauffeuuuur si t’es champion », lui, je l’ai compris tout de suite, c’était un champion sans le conditionnel.
En outre mon collègue de banquette était super sympa. Il téléphonait à tous ses amis et pour mettre les pieds sur le siège et pouvoir s’allonger sur trois d’entre eux (ses pieds avaient réservé le siège juste à côté de moi), il a enlevé ses chaussettes. Respect du règlement, bien. Pour l’hygiène, on repassera.
Non satisfait de ce seul fait d’armes, je sais pas vraiment ce qu’il avait pu ingérer dans la journée, voire la veille, mais ça lui avait donné de la matière. Et somme toute, il s’est épargné un mal de ventre en laissant vivre la matière. Après dans ce genre de situation, quand t’as pas de preuve quant à la provenance de la matière gazeuse, tu dis rien. C’était peut être la dame devant lui, ou le mec devant moi, dont le dossier était couché de telle sorte que je ne puisse me mettre derrière.
Car oui on était deux sur la banquette arrière mais une seule place était libre. Les mecs paient trois billets, ils peuvent bien les utiliser, normal. Perso une place me suffit, d’autant que globalement niveau confort d’assise c’est pas mal. Y a même des prises pour brancher son téléphone ou son ordinateur. C’est très pratique. Mais je ne sais pas pourquoi, ça permet à tout le monde d’appeler tous leurs amis, pendant tout le trajet. Ils ont beaucoup d’amis et ils aiment leur parler. Ambiance.
Me suis contenté d’un SMS pour ma part envoyé à ma chère et tendre : « ça pue, il fait 35 degrés, c’est l’enfer, on est à Selestat ».
Le coup de la panne
Le chemin se poursuit, jusqu’à ce que très brusquement on prenne la sortie d’autoroute pour Obernai. Brusquement, le mot est faible, j’aurais pu toucher le genou en étant à moto. Mais dans un bus, on a juste eu peur. D’autant que je n’avais pas à l’esprit qu’un arrêt soit programmé à Obernai. Peu importe, c’est joli Obernai.
En fait on s’est retrouvés, 3 minutes de secousses plus tard, dans un entrepôt. Changement de chauffeur et tentative vaine de réparation des toilettes HS (je comprends mieux l’odeur dans le bus maintenant, si les gens se retiennent depuis le départ de « j’sais pas où »). Au final, on reste là 10 minutes pour finir par un « Messieurs Dames, je suis désolé, je pensais que c’était un petit problème, mais c’est la pompe, les toilettes sont inutilisables » suivi d’un magnifique « Toilette ist kapoutte » pour les germanophones présents dans le bus. Sens du service.
Ok, pas grave, Karlsruhe n’est pas loin. 2h15 ça passe vite. On change de chauffeur, et lui aussi, il est champion, il appuie fort sur le champignon. Très fort. Mais bienveillant aussi, car il nous informe (à l’arrêt de Strasbourg), que le port de la ceinture est obligatoire dans le bus, ce que n’avait pas fait le « chauffeur si t’es champion » d’avant.
Strasbourg, ce souffle de fraîcheur sur le Flixbus, qui se vide incroyablement, me permettant de remonter quelques rangées de sièges pour m’installer seul à la fenêtre, pas loin de l’avant (cela devrait pouvoir m’éviter quelqu’inconfort digestif). On repart. Strasbourg – Karlsruhe, c’était cool, à l’heure, de la place, toujours très chaud mais respirable (au propre comme au figuré). Une bande de jeunes adultes qui font le bordel à l’arrière, l’esprit du bus que je connaissais et que j’avais en tête.
Rien à signaler, ça roule vite, ça roule fort. Et à 22h35 comme prévu je descends à la gare de Karlsruhe. Le temps d’une petite balade, d’une grande bière (on est en Allemagne), il est minuit et quelques, je décide de retraverser la gare DB pour me rendre à la gare routière. C’est calme, il fait bon, on est bien.
Emmenez-moi…
Je suis confiant, on va de Karlsruhe à Essen. Sincèrement, qui, à part les 4 personnes qui attendent avec moi, peut bien vouloir faire ce trajet ? ça va être top. Je vais enfin dormir 4-5 heures et être en forme demain. Tiens, le bus arrive, à l’heure toujours. De ce côté là, rien à dire, c’est ponctuel.
Bus deux étages, du confort pour une bonne petite nuit. Je suis content de mettre un terme à cette correspondance un peu longue. Check des billets, montée dans le bus, je vais direct à l’étage, j’aime bien. Blindé (??!!!). Je descends, tant pis pour mon petit plaisir d’être en haut, de toute façon je vais dormir. Blindé. Je remonte. C’est vraiment blindé. Il reste de la place à côté d’un bon gros costaud qui dort en ayant pris soin de prendre ce qu’il y avait de place sur l’accoudoir central. Et à côté d’une petite dame, qui, je l’ai vite compris, n’est pas aux anges à l’idée de passer un bout de nuit à mes côtés (Rassure toi, moi non plus), mais retire quand même sa veste pour que je puisse m’installer.
J’aurais jamais dû être poli et laisser passer les 4 personnes qui attendaient avec moi sur le quai de la gare routière, trop confiant que j’étais dans le prétendu faible potentiel de clients ralliant Essen depuis Karlsruhe. Grossière erreur, ils ont trouvé des places normales sans avoir à générer quelque inquiétude à ma nouvelle voisine de Flixbus.
Troisième chauffeur, toujours pas besoin de chanter, champion un jour, champion toujours. ça barde. Je somnole un peu en écoutant un podcast France Culture sur les trous noirs. Je monte le son car mes voisins ont toujours autant d’amis, et les appellent encore. J’espère qu’ils sont pas en Allemagne, car le coup de fil à 2h du mat, perso j’suis pas fan, ou alors quand ça t’arrive, c’est que tes potes sont ivres et qu’ils ont envie de te parler, tu gardes le message pour leur faire entendre lors d’une prochaine rencontre. A jeun ça se fait pas.
Ce chauffeur est fort (d’ailleurs ils sont deux, je sais pas d’où vient le bus mais il a dû voir du pays avant le terminus de Bottrum). Tellement fort que grâce à ma vigilance (et une annonce, merci champion!), j’ai pu descendre au bon arrêt, à Essen…à 6h30 (pour aune arrivée prévue à 6h55). Je m’y suis pris à deux fois pour être bien sûr de ne pas me tromper. Essen Hbf, non, c’est bon, c’est là. Je descends. Il est 6h30, je passe de 25 à 6 degrés, je remets ma veste, je suis à Essen, place à le suite…
Ce qui m’a plu :
- Flixbus, c’est pas cher (25 euros HT le billet Colmar Essen, imbattable)
- Flixbus, c’est à l’heure, voire même un chouia en avance (pensez y si vous voulez aussi essayer).
- Flixbus, c’est plutôt bien équipé (sièges confortables, deux prises électriques par rangée, soit une pour deux…).
Ce qui m’a moins plu :
- La conduite des 3 champions chauffeurs, flippante par moments
- Flixbus est, (je déteste l’expression), victime de son succès. Le taux de remplissage est énorme, et de fait on voyage dans des conditions auxquelles je n’étais personnellement pas habitué.
- On devrait pouvoir avoir un système de réservation des places (service payant) comme dans les avions. Là j’étais seul, ok, mais si vous voyagez à plusieurs, soyez prêts à être séparés de longues heures durant.
- Le Jet Lag en Allemagne. Défoncé comme après un retour d’Amérique du nord, en ayant voyagé environ 500km. Ne prévoyez pas de visiter la ville après ça, mais plutôt de rester plusieurs jours sur site pour pouvoir profiter.
Pour conclure,
Je dirais que Flixbus m’a permis un déplacement professionnel très économique. Je n’ai rien à redire sur le respect des horaires et le matériel dans lequel j’ai voyagé. Flixbus est très adapté à un public jeune et/ou peu armé côté financier, mais à proscrire si vous cherchez du bien être dans le transport. C’est du bus low-cost, et il n’y a pas de surprise sur le produit, pas de mensonges non plus. On sait où on va. Flixbus permet à des dizaines de milliers de personnes de se déplacer pour pas cher, et c’est déjà bien.